L’historique du Musée

Un premier lieu d’accueil : le Musée historique de l’Île Perrot (1953-1958)

Comme plusieurs établissements muséaux, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges a connu des débuts modestes. Il a pris naissance à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, dans la salle paroissiale, située à proximité de l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, dès 1953. Ce lieu a pu être aménagé grâce à l’appui du curé de l’époque, l’abbé Valérien Carrière (1893-1958). Portant l’appellation de Musée historique de l’Île Perrot, cette institution embryonnaire a recueilli les premiers objets qui constituent la base des collections actuelles du Musée.

Vue de l’intérieur du Musée historique de l’Île Perrot, vers 1955
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Le lieutenant-colonel Roger Maillet (première rangée, à gauche) et des travailleurs devant le Musée historique de l’Île Perrot, vers 1953
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Une vision nationaliste et un geste de sauvegarde du patrimoine

La création de ce Musée est le résultat des nombreux efforts de la part de gens passionnés et visionnaires. Leurs gestes avaient pour but principal de conserver, pour les générations futures, les traces du passé de la société canadienne-française alors en pleine mutation. De plus, dans l’esprit des membres fondateurs, il fallait agir rapidement afin de contrer la destruction pure et simple du patrimoine matériel québécois et d’éviter sa dispersion vers les États-Unis.

Le colonel Roger Maillet (première rangée, à gauche) et des travailleurs devant le Musée historique de l’Île Perrot Vers 1953

Une population mise à contribution

C’est dans ce contexte que des tournées systématiques des campagnes, des villages, des granges et greniers, de même que des antiquaires de la région de Vaudreuil-Soulanges, ont été organisées jusqu’à la fin des années 1960. Elles visaient à inciter la population à offrir en donation leurs « trésors » familiaux et les mettre à l’abri au Musée.

Fondateurs de la Société historique de Vaudreuil-Soulanges et du Musée historique de l’île Perrot. Rangée du haut : John H. Gest, Roger Maillet, Hector Bourgouin, Lucien Thériault, Louis Carrier. Rangée du bas : curé Valérien Carrière, Fernande Létourneau, Joseph Péladeau et Maurice Goudreault, 1954
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Portrait de Roger Maillet, M.Ciani (Italie, Rome), huile sur toile. Don de Fernande Létourneau, Notre-Dame-de-l’île-Perrot, 1948
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Deux importants membres fondateurs

Si les gens de la région ont contribué à l’essor du Musée historique de l’Île Perrot, plusieurs des membres fondateurs de l’institution ont également mis l’épaule à la roue à titre de mécènes. Deux d’entre eux, parmi les plus connus et les plus actifs, sont sans contredit : Roger Maillet (1896-1960) et Lucien Thériault (1897-1983).

Respectivement, l’un co-fondateur du Petit Journal, premier tabloïd de langue française en Amérique du Nord avec le plus grand tirage pendant plus de vingt ans et l’autre réalisateur à la Société Radio-Canada d’émissions radiophoniques telles que Un homme et son péché écrit par Claude-Henri Grignon. Maillet et Thériault, férus d’art et d’histoire, ont offert plusieurs pièces importantes à leur Musée.

Portrait de Roger Maillet, M.Ciani (Italie, Rome), huile sur toile. Don de Fernande Létourneau, Notre-Dame-de-l’île-Perrot, 1948
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Des donateurs influents

Afin de favoriser le succès de leur entreprise, les membres fondateurs du Musée historique de l’Île Perrot mettront à profit leurs nombreux contacts dans le monde politique, artistique et économique québécois. Pour cette raison, nos collections contiennent encore aujourd’hui des œuvres d’art et des objets ayant appartenu à des personnalités en vue de l’époque : le premier ministre Maurice Duplessis, le maire de Montréal Camillien Houde, l’auteur-compositeur Félix Leclerc, la comédienne Juliette Béliveau, les peintres Ernst Neumann et Umberto Bruni.

Un musée à l’étroit

La fin des années 1950 marque un tournant décisif dans l’histoire du Musée. En effet, l’arrivée continuelle d’artefacts et pièces de toutes sortes entre les murs de la petite salle paroissiale pose problème. Les dirigeants de l’institution doivent rechercher un nouvel endroit pour y loger leurs collections et accueillir leurs visiteurs. Heureusement, une solution se présente à eux, dès l’été 1957, sous la forme d’un appel à l’aide d’un de leurs collaborateurs, le comédien et animateur radiophonique Guy Mauffette (beau-frère de Lucien Thériault).

Félix Leclerc remettant sa guitare à Lucien Thériault, 1953
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Lucien Thériault et le maire de l’époque, Gilles Brouillard, devant l’entrée principale du Musée avant sa restauration, 1964
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Un déménagement dans une ancienne école de garçons

En effet, Guy Mauffette découvre que l’ancien collège Saint-Michel de Vaudreuil est sur le point de tomber sous le pic des démolisseurs. Il alerte alors les membres fondateurs du Musée qui sauveront in extremis le bâtiment centenaire construit entre 1844 et 1847. Suivront deux années de discussions amicales après lesquelles la Commission scolaire de Vaudreuil consentira, en juillet 1959, à céder l’ancienne école des garçons. Dans les faits, le Musée y est déjà installé depuis l’année précédente.

Dès lors, le Musée historique de l’Île Perrot change de nom pour devenir le Musée historique de Vaudreuil. Ce n’est qu’en 1980 que l’appellation de Musée régional de Vaudreuil-Soulanges fait son apparition afin de souligner son rôle d’animateur, de diffuseur et de conservateur du patrimoine pour l’ensemble du territoire comprenant les anciennes seigneuries de Vaudreuil, de Soulanges et de l’île Perrot.

Un bâtiment à restaurer avant la réouverture officielle en 1965

Très peu utilisé après 1953, suite au déménagement des classes de garçons vers une nouvelle école mixte, le vieux bâtiment de trois étages était dans un piteux état. Lucien Thériault, directeur-conservateur et son équipe ont mené un travail considérable de collecte de fonds afin d’entreprendre d’importants travaux de restauration du bâtiment en pierre. Malheureusement l’ensemble de cette tâche colossale devait être effectué sans l’un des piliers du Musée, Roger Maillet, décédé le 13 mars 1960.

Bien qu’accessible au public durant presque toute la durée de la restauration, le Musée ouvre officiellement ses portes le 18 juillet 1965, en présence du premier ministre Jean Lesage, de Paul Gérin-Lajoie, ministre de l’Éducation et député de Vaudreuil-Soulanges et de Claire Kirkland-Casgrain, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.

Lucien Thériault et le maire de l’époque, Gilles Brouillard, devant l’entrée principale du Musée avant sa restauration, 1964
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Le rêve se poursuit

Enraciné dans sa communauté, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges a connu diverses phases de changement et d’adaptation qui lui procurent un rayonnement sans précédent. D’une salle paroissiale située à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, l’institution occupe par la suite un espace de 1 175 m2 dans un bâtiment patrimonial au cœur du Vieux-Vaudreuil à Vaudreuil-Dorion. La disposition pêle-mêle des objets a fait place à une mise en exposition utilisant les techniques actuelles de diffusion, le design et la scénographie. Si le Musée peut dorénavant s’appuyer sur une équipe d’historiens et de muséologues pour sa gestion, le rôle des bénévoles, des membres, des mécènes et des donateurs continue à être, comme à l’origine, essentiel à son essor.

Ainsi, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges demeure toujours un lieu de passion inspiré par ses fondateurs les Roger Maillet, Lucien Thériault, Valérien Carrière, Joseph Gest et Fernande Létourneau. De plus, compte tenu de son importance croissante aux niveaux national et provincial, le Musée continue d’être à l’écoute et en symbiose avec la région qui l’accueille et le soutient fidèlement depuis près de soixante-dix ans.

Salle d’exposition au premier étage du Musée, 1967
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Les bâtiments

Le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges est composé de quatre bâtiments principaux : l’ancienne école modèle Saint-Michel (collège Saint-Michel), l’annexe de 1882, la remise et l’agrandissement de 1979.

L’ancienne école modèle Saint-Michel

Comme plusieurs établissements muséaux, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges a connu des débuts modestes. Il a pris naissance à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, dans la salle paroissiale, située à proximité de l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal, dès 1953. Ce lieu a pu être aménagé grâce à l’appui du curé de l’époque, l’abbé Valérien Carrière (1893-1958). Portant l’appellation de Musée historique de l’Île Perrot, cette institution embryonnaire a recueilli les premiers objets qui constituent la base des collections actuelles du Musée.

Le bâtiment abritant le Musée à l’époque de l’école Saint-Michel de Vaudreuil, Germaine Saint-Denis, avant 1954
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

L’annexe de 1882 située à droite du bâtiment principal, vers 1950
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

L’annexe de 1882

Construite en 1882, l’annexe de bois a été ajoutée à l’école modèle afin de servir de logement pour les instituteurs. Cet appendice est réalisé pour donner suite à la demande des Clercs de Saint-Viateur (1882-1891). Nouvellement engagée par la Commission scolaire de Vaudreuil, la communauté religieuse souhaitait y installer les deux ou trois frères nécessaires au bon fonctionnement de l’école. Désirant accueillir des pensionnaires afin de diversifier leurs revenus, les Clercs de Saint-Viateur sont également à l’origine de la modification de la toiture de l’école modèle. Les travaux sont effectués par Moïse Aquin, charpentier menuisier et Jean-Baptiste Campeau maître maçon, tous deux de Vaudreuil.

En effet, lors des travaux majeurs de 1882, le toit original à pignon a été remplacé par une toiture à la Mansart. L’espace supplémentaire ainsi obtenu permettait de rendre le dernier étage du bâtiment principal propice à l’aménagement d’un dortoir et d’en agrandir la superficie. Tout comme l’ancien collège Saint-Michel, l’annexe de 1882 a été classée monument historique en 1961 et restaurée entre 1964 et 1965 selon les plans de l’architecte André Marchand (1931-2012) et sous la supervision de Victor Depocas (1901-1985), architecte attitré de la Commission des monuments et sites historiques de la Province de Québec. L’annexe de 1882 sera également classée monument historique en 1961.

L’annexe de 1882 située à droite du bâtiment principal, vers 1950
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

L’agrandissement de 1979

Profitant de la mise sur pied, par le ministère des Affaires culturelles, de programmes favorisant la construction d’équipements culturels, les administrateurs du Musée présentent un projet d’agrandissement pour leur institution muséale. Solidement étoffé par un montage financier réalisé par Louise Myette, le projet est accepté par les instances gouvernementales. La cérémonie de la première pelletée de terre pour la construction du nouveau bâtiment se fait le 9 décembre 1978, les travaux sont exécutés en 1979, sous la supervision du nouveau directeur de l’institution de Vaudreuil, l’ethnologue Jean Lavoie.

Dès lors, le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges double sa superficie. Le bâtiment de deux étages conçu selon les normes muséologiques répond aux nombreux besoins liés à la conservation et à la diffusion de l’institution. Le premier étage est aménagé pour servir de réserve principale à la collection permanente. Le rez-de-chaussée a accueilli une nouvelle salle d’exposition jusqu’en 1997 qui laissa place à l’ancien centre de documentation du Musée et par la suite au Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges jusqu’en 2021.

L’architecte André Marchand, chargé du projet, intègre l’aile de 1979 à l’ancienne remise du collège Saint-Michel qu’il a restaurée un an plus tôt. Cet espace conçu à l’origine comme une entrée des œuvres sera rapidement aménagé en atelier.

Dessin de l’aile de 1979 et de la remise réalisé par l’architecte André Marchand (Labelle, Marchand, Geoffroy), 1978
Source : © Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Vue arrière du Musée avec l’intégration de la remise, 2017
Source : © Bernard Bourbonnais – Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

La remise de l’ancien collège Saint-Michel

La remise située à l’arrière de l’école modèle a été érigée à la fin du 19e siècle. Au cours des années, ses fonctions ont été multiples. Le bâtiment servait principalement à ranger les outils et les matériaux nécessaires à l’entretien de la maison d’enseignement, du terrain et du jardin. Après 1920, à la suite d’une demande du club de hockey local, la remise est déplacée afin de permettre l’installation d’une patinoire. Ainsi l’hiver venu, l’édifice de bois se transforme en vestiaire chauffé par un poêle à bois. Les bandes de la patinoire y sont entreposées durant l’été.

Dans un souci de conserver cet élément important de l’histoire de l’ancien collège Saint-Michel, la remise est classée par le gouvernement du Québec et restaurée. Un an plus tard, elle est intégrée dans les plans de l’agrandissement de 1979. En 2009, l’édifice centenaire, qui accueille maintenant l’atelier du Musée et une réserve secondaire, reçoit une nouvelle toiture en tôles pincées réalisée par un artisan spécialisé. Ce toit s’approche davantage de son aspect d’origine d’après les informations recueillies dans les documents d’archives décrivant la remise.

Vue arrière du Musée avec l’intégration de la remise, 2017
Source : © Bernard Bourbonnais – Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Une école aux multiples appellations

Tout au cours de son existence, le bâtiment de l’ancienne école qui abrite maintenant le Musée a été désigné sous de multiples appellations. Néanmoins, aucune ne semble s’être réellement imposée durant cette période. En effet, les noms d’école Saint-Michel, d’école modèle, d’Académie, d’école no 1, d’école du village, d’école des garçons, de collège de Vaudreuil, de collège Saint-Michel et d’école de l’Immaculée-Conception seront utilisés tour à tour dans les documents officiels pour décrire ce magnifique édifice de pierre.

Les anciens directeurs du collège Saint-Michel de Vaudreuil

  • 1847-1882 : Adolphe Moffatt
  • 1882-1891 : Les Clercs de Saint-Viateur, l’école modèle devient une académie et porte le nom d’école de l’Immaculée-Conception durant cette période
  • 1891-1900 : Isaac Gélinas
  • 1900 : Jean Tremblay
  • 1901-1908 : Les Frères de l’instruction Chrétienne, l’école modèle redevient une académie et porte le nom de Collège de Vaudreuil et de Collège Saint-Michel durant cette période
  • 1908-1910 : Gustave Leboeuf
  • 1910-1911 : J.-H. Morin
  • 1911-1913 : Alcide Corbière
  • 1913-1920 : Georges-Joseph Bouchard
  • 1920-1922 : Jean Girard
  • 1922-1923 : N.-A. Poulin
  • 1923-1926 : Joseph-Georges Tremblay
  • 1926-1944 : Édouard André
  • 1944-1946 : Roger Lemay
  • 1946-1954 : Les Frères du Sacré-Cœur

Élèves et professeurs devant le collège Saint-Michel à l’époque des Frères de l’instruction chrétienne, avant 1908
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges

Le directeur-instituteur Georges-Joseph Bouchard et une enseignante posant avec leurs élèves, vers 1917
Source : © Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges